Le Sutra de la Plateforme



Le Sutra de la Plateforme le Trésor du Dharma du Grand Maître, le Sixième Patriarche (version simplifée / traduction libre)

Attention Version très personnelle et libre, parfois résumée, souvent altérée et modifiée, simplifiée
En cours ....

Chapitre 1 : les racines

Le Grand Maître arriva à Baolin[si] (' Monastère au bosquet du trésor '),
[...] dans la salle de conférence du temple Ta Fan pour parler du Dharma à l'assemblée.
[...]
Le Grand Maître dit à l'assemblée :
"Amis, la nature de Bouddha est originellement claire et pure.
Utilisez simplement cet esprit même, tel quel
et vous atteindrez la bouddhéité directement et complètement.
Amis, écoutez bien ! C'est ainsi que j'ai pratiqué et réalisé le Dharma.

J'ai été malheureux : mon père est mort prématurément, et je vivais avec ma mère.
Dans la pauvreté et la misère, je vendais du bois de chauffage sur le marché.
"Alors que je livrais du bois à un client dans sa boutique.
En sortant, j'ai entendu quelqu'un réciter un sutra, et dès que j'ai entendu les paroles du sutra mon
esprit s'est éveillé.
J'ai alors demandé à la personne le nom du sutra, et il a dit :" Le Sutra du Diamant ".
J'ai demandé : ' Où est-ce que tu as appris ce sutra ?
Il a répondu :'Je viens du monastère de Dongchansi.
Grand Maître [Hongren] y enseigne aux moines et aux laïcs à simplement maintenir le Sutra du Diamant,
on peut ainsi réaliser la nature de Bouddha par soi-même et atteindre directement la bouddhéité complète".

[...] Je suis alors parti à ce monastère.
J'arrivais à Huangmei, où je rendais hommage au cinquième patriarche.
"Le patriarche m’a demandé : ‘D’où venez-vous et que cherchez-vous ?’
J'ai répondu :" J'ai rencontré un de vos disciples, et je viens jusqu'ici pour apprendre.
Je souhaite réaliser la bouddhéité et je ne recherche rien d'autre.'
Le patriarche dit :'Si vous êtes de Lingnan,
alors vous devez être un barbare. Comment pourriez-vous jamais atteindre la bouddhéité ?
Je répondis :" Bien que les gens puissent venir du nord ou du sud, il n'y a fondamentalement
pas de nord et de sud dans la nature de bouddha.
Bien que le corps du barbare soit différent de celui du grand maître,
comment pourrait-il y avoir une seule différence, là-bas, dans la nature de bouddha  ? "

Le cinquième patriarche voulut continuer la conversation,
mais voyant rassemblés tout autour, coupa court.
Il me demanda alors, de les accompagner au travail.
J'ai dit :"Ce que je voulais dire Grand Maître; Bien que cet esprit du débutant produit constamment des pensées et des distinctions
; il n'est pas séparé de la nature du Bouddha.
Ceci, en soi, est déjà le domaine de l'ineffable, ceci est l'éveil.
Sinon Grand Maître, qu'elle tâche pouvez-vous me confier ?"

Le Cinquième Patriarche dit :"Barbare, tes facultés sont déjà trop acérées.
Tais-toi, et vas dans la cour arrière.
Ainsi, je me suis retiré dans la cour arrière où un agriculteur
m'a demandé du fendre du bois de chauffage et de battre le riz.

Après huit mois, le patriarche vint à l'improviste.
Il a dit :" Je pense que tes idées peuvent être utiles, mais je
j'ai bien peur que des gens jaloux te fasse du mal. C'est pourquoi
je n'ai pas pu te parler. Est-ce que tu comprends ce qui se passe ?'

J'ai répondu :"J'ai compris vos intentions, c'est pourquoi je reste dehors,
afin que les autres ne me remarquent pas."

Un jour, le patriarche convoqua ses disciples et leur dit :
"J'ai quelque chose à vous dire : pour les gens du monde, la question de la naissance et de la mort est importante.
"Toute la journée, vous ne cherchez qu'à atteindre l'éveil; mais vous n'essayez même pas de sortir de la mer des naissances et des morts.
Si vous êtes ignorant au sujet de votre nature propre, comment chercher à atteindre l'éveil pourrait-il un jour vous sauver ?
"Je demande à chacun de vous à regarder à l'intérieur et d'examiner avec sa propre sagesse et ainsi d'utiliser la nature Prajna de son propre esprit originel pour composer un verset.
Soumettez-le-moi afin que je puisse le regarder.

"Si vous comprenez la grande affaire,
la robe et le Dharma vous seront transmis et vous deviendrez le sixième patriarche.
Dépêchez-vous ! Ne tardez pas ! Il est nécessaire de le saisir à ce moment même ! A l'instant même où j'ai parlé.
Celui qui fait cela, perçoit'cela', comme le fait celui qui brandit une épée au plus fort de la bataille.
L'assemblée reçut cet ordre et se retira en se disant les uns aux autres :
"Nous, de l'assemblée, n'avons pas besoin de vider nos esprits et d'utiliser notre intellect pour composer un verset à soumettre au Grand Maître.
À quoi cela servirait-il ?'
'Shen Hsiu est notre instructeur principal et notre enseignant.
Il sera donc certainement celui qui obtiendra la transmission.
Ce serait non seulement inapproprié pour nous de composer un verset, mais aussi une perte de temps."
En entendant cela, tout le monde s'est reposé et a dit :
"Dorénavant, nous comptons sur Maître Shen Hsiu.
Pourquoi risquer la discorde en écrivant des vers ?'
Shen Hsiu pensa alors :'Les autres ne soumettent pas de vers parce que je suis leur enseignant.
Je dois composer un vers et le soumettre au Grand Maître.
'Si je ne soumets pas de verset, comment le Grand Maître saura-t-il si les vues et la compréhension dans mon esprit
sont profondes ou superficielles ?
'Si mon intention en soumettant le verset est de poursuivre le Dharma, c'est bien. Mais si c'est pour saisir le patriarcat, c'est mal,
car en quoi cela serait-je différent de l'esprit d'une personne ordinaire qui convoite la position élevée ?
Si je ne soumets pas un verset, à la fin je n'obtiendrai pas le Dharma. Quel dilemme !"

Devant la salle du cinquième patriarche se trouvaient trois couloirs.
Leurs murs devaient être décorés de fresques par l'artiste de la cour Lu Chen avec des histoires du Lankavatara Sutra
et des images décrivant en détail la vie des cinq patriarches,
afin que les patriarches puissent être vénérés par les générations futures.

Après avoir composé son vers, Shen Hsiu a fait plusieurs tentatives pour soumettre un verset.
Mais chaque fois qu'il atteignait le hall d'entrée, son esprit devenait agité et désemparé,
et tout son corps se couvrait de sueur.
Il n'osa pas la soumettre, bien qu'en quatre jours il fit treize tentatives.

Puis il pensa :"Je vais l'écrire sur le mur pour que le Grand Maître puisse le voir anonymement.
Si il dit que c'est bien, je m'avancerai, je m'inclinerai et dirai : 'c'est de moi.'
Si cela ne se passe pas comme ça, alors j'aurai passé mes années sur cette montagne en vain,
recevant la vénération des autres.
Et quant à la poursuite de la voie - que pourrai-je encore en dire ?"

Cette nuit-là, au troisième quart, tenant une bougie, il écrivit secrètement un verset sur le mur du couloir sud,
pour montrer ce que son esprit avait vu.
Voici ce verset:
Le corps est un arbre Bodhi,
L'esprit pur est comme un miroir brillant.
Brossez-le encore et encore,
et ne laissez aucune poussière le couvrir.
Après avoir écrit ce verset,
Shen Hsiu retourna dans sa chambre,
et personne ne savait que le verset était de lui.

Puis il pensa :"Si le cinquième patriarche voit le verset demain et est content,
cela signifiera que j'ai une affinité avec le Dharma.
Si cela ne se passe pas comme ça, cela signifiera que je suis encore confus,
et que je ne suis pas apte à obtenir le Dharma.
Il est difficile de comprendre les véritables intentions du Grand Maître avec cet exercice.

Dans sa chambre, il réfléchit et ne put s'asseoir ou dormir paisiblement jusqu'au cinquième quart.
Le patriarche savait déjà que Shen Hsiu n'avait pas encore tout à fait franchi le seuil sans porte
et n'avait pas encore réalisé la nature de Bouddha.
À l'aube, le patriarche a appelé un artiste de la cour Lu Chen pour peindre le mur du couloir sud.
Soudain, il vit le verset et dit à l'artiste de la cour :"Il n'est plus nécessaire de peindre ce mur.
Je suis désolé que vous soyez venu de si loin, mais le Sutra du Diamant dit :
"Tout ce qui laisse des traces est vide et faux.
Ainsi, il est préférable de laisser ce verset pour que les gens le récitent et le soutiennent.
Ceux qui pratiquent conformément à ce verset ne tomberont pas dans les mauvaises
voies et atteindront l'éveil."
Il demanda ensuite aux disciples d'allumer de l'encens et de s'incliner devant le verset, et de le réciter,
leur permettant ainsi de voir leur propre nature de Bouddha.
Les disciples l'ont tous récité et se sont exclamés :'Excellent !'
Au troisième quart, le patriarche a appelé Shen Hsiu dans la salle et lui a demandé :
'Avez-vous écrit ce verset ?
Shen Hsiu a dit:'Oui, je l'ai écrit.
Je n'ose pas revendiquer la position de Patriarche, mais j'espère que le Grand Maître sera compatissant
et verra si j'ai ou non un peu de sagesse.'
Le Patriarche dit :'Le verset que vous avez écrit montre que vous n'avez pas encore réalisé la nature originelle
et que vous êtes toujours à l'extérieur de la porte.
Avec de telles vues et compréhension, vous pouvez continuer à rechercher la Bodhi suprême sans fin, et vous ne l'obtiendrez pas.
La Bodhi suprême surgit en réalisant l'esprit originel, à chaque instant, dans chaque pensée,
vous verrez vous-même que les dix mille Dharmas sont déjà libres et sans entraves ;
La réalité est la seule vérité et les dix mille choses sont tels quels.
ainsi, comme ils le sont tels quels.
Le'cela'de l'esprit, c'est justement la vraie réalité.
Si on le voit de cette manière, c'est en effet la nature du Bouddha, la Bodhi suprême.

'Allez y réfléchissez encore pendant un jour ou deux.
Composez un autre verset et apportez-le-moi pour voir.
Si vous avez pu passer le seul sans porte, je vous transmettrai la robe et le Dharma.'
Shen Hsiu s'est incliné et est parti. Plusieurs jours passèrent, mais il fut incapable de composer un verset.
Son esprit était agité et confus, ses pensées et son humeur étaient perturbées.
Il était comme dans un rêve ; que ce soit en marchant ou en s'asseyant,
il ne pouvait pas être heureux.

Deux jours plus tard, un moine est passé en chantant le verset devant la salle du battage de riz.
En l'entendant pour la première fois, j'ai su que son auteur n'avait pas encore vu sa nature originelle.
Bien que je n'avais pas encore reçu d'instruction, je savais reconnaître la grande intention [des sages].
Alors j'ai demandé au moine :"Quel verset récitez-vous ?

"Barbare, tu ne sais donc rien", répondit le moine.
"Le Grand Maître a dit que la naissance et la mort sont une préoccupation profonde pour les gens du monde.
Désireux de transmettre la robe et le Dharma, il a demandé à ses disciples de composer des versets.
La personne qui s'est éveillée, héritera de la robe et du Dharma et deviendra le Sixième Patriarche.
Notre aîné, Shen Hsiu, a écrit ce'verset sans trâce'sur le mur du couloir sud.
Le Grand Maître a demandé à chacun de le réciter, pour pratiquer avec ce verset et ainsi nous éviter de tomber
dans les mauvaises voies et atteindront l'éveil.'

J'ai dit: 'Moi aussi, j'aimerais le réciter. Moine, j'ai pilé du riz ici pendant plus de huit
mois et je ne suis toujours pas allé dans le hall d'entrée.
J'aimerai que vous m'emmeniez voir le verset pour lui rendre hommage à mon tour."
Le moine l'a ensuite conduit au verset pour s'incliner.

J'ai dit :"Je ne sais pas lire. S'il vous plaît, Moine, lisez-le-moi.
Un fonctionnaire de Chiang Chou, nommé Chang Jih Yung, l'a lu à haute voix.

Après l'avoir entendu, j'ai dit :"Moi aussi, j'ai un verset."
Je demandais au fonctionnaire"Pourriez-vous l'écrire pour moi ?'

Le fonctionnaire répondit :'Vous pensez vraiment pouvoir écrire un verset ? Baliverne !'

Je lui dis :'Si vous souhaitez étudier la Bodhi suprême, ne méprisez pas le débutant.
Les personnes les plus basses peuvent avoir la plus haute sagesse ;
les personnes les plus élevées peuvent ne pas avoir la moindre sagesse.
Si vous offensez les autres ainsi, vous créez des fautes illimitées et sans bornes.'

Le fonctionnaire a dit :'Récitez votre verset et je l'écrirai pour vous.
Si vous obtenez le Dharma, vous devrez me faire traverser en premier.
N'oubliez pas ces mots.

Je lui dictais ceci :

A l'origine Bodhi n'a pas d'arbre,
Il n'y a pas de miroir lumineux.
A l'origine il n'y a pas une seule chose :
Où la poussière pourrait-elle se poser ?
Une fois le verset écrit,
Tous les moines furent surpris et s'écrièrent :
"C'est vraiment étrange ! Même si on ne peut pas juger une personne sur son apparence.
Comment se fait-il qu'en si peu de temps, il soit devenu un Bodhisattva en chair et en os ?"

Le cinquième patriarche vit l'assemblée perturbée et craignit qu'elle ne devienne hostile.
En conséquence, il effaça le verset avec sa chaussure en disant :
"Celui-ci non plus n'a pas réalisé sa nature."
L'assemblée accepta.

Le lendemain, le patriarche est venu secrètement à l'aire de battage
où je pilonnais du riz avec une pierre attachée autour de ma taille,
et il me dit :"Un chercheur de la Voie oublierait sa vie même pour le Dharma. N'est-ce pas ?"
Puis il ajouta :"Le riz est-il prêt ?"
Je répondis :"Le riez est prêt depuis bien longtemps, il n'attend plus que le tamis"
Le patriarche frappa trois fois le pilon avec son bâton et partit.
J'ai alors compris l'intention du patriarche, au troisième quart, je me rendis dans la chambre du patriarche.
Le Patriarche les cacha avec sa robe de moine (kaṣāya) pour que personne ne les voit, et il m'expliquant intégralement Le Sutra du Diamant
"On doit produire une pensée qui n'est soutenue nulle part"(Ndt :"Pensée issue de la non-pensée"Dogen).
A cet instant même, je fis l'experience de la grande illumination et je réalisai que les dix milles dharmas ne sont pas séparés de la nature propre.
Je dis au Patriarche :
Comment le tel quel peut surgir sans l'attendre ?
La nature propre est originellement pure en elle-même.
Ainsi 'est-ce'!
La nature propre n'est originellement ni produite ni détruite.
Ainsi 'est-ce'!
La nature du soi est originellement complète en elle-même.
Ainsi 'est-ce'!
La nature du soi est originellement sans cycle.
Ainsi 'est-ce'!
La nature propre reflète les dix mille dharmas.


Le cinquième patriarche perçut ma réalisation de l'éveil à ma nature originelle
et me dit :
"Étudier le Dharma sans réaliser l'esprit originel ne sert à rien.
Si quelqu'un reconnaît son propre esprit originel et réalise sa nature originelle,
alors on est appelé un grand héros,
un maître des dieux et des humains,
un bouddha."

Je reçus secrètement la transmission du Dharma lors de notre troisième veillée.
Lors de la transmission du Dhamma, de la robe et du bol il me dit :
"Vous êtes le sixième patriarche, Protégez-vous !
Faites traverser les êtres vivants par tous les moyens possibles et diffusez le Dhamma pour
le bien des générations futures. Afin de le preserver ("tel quel").

Le patriarche dit"écoutes mon vers":

Avec les sensations la graine germe.
Comme il y a les conditions, le fruit naît.
En dehors des sensations, il n'y a pas du tout de graine.
Sans essence, sans naissance.

Le patriarche a ajouté :
"Dans le passé, lorsque maître Bodhidharma est venu pour la première fois sur
cette terre et que les gens ne croyaient pas encore en lui,
il a transmis cette robe comme un symbole de foi à transmettre de génération
en génération.
Le Dharma est transmis d'esprit à esprit, conduisant chacun à l'éveil de par soi-même"

"Depuis les temps anciens, Bouddha ne fait que transmettre la substance originelle à Bouddha ;
le maître transmet secrètement l'esprit originel au maître.
Puisque la robe est une source de discorde, elle devrait s'arrêter avec vous.
Ne la transmettez pas, car si vous le faites, votre vie ne tiendra qu'à un fil.'

'Vous devez aller vite, car je crains que les gens ne vous fassent du mal.'

Je demande : 'Où dois-je aller?"

Le patriarche m'a répondu :'Arrêtez-vous à Huai et cachez-vous à Hui'.

A notre troisième rencontre, je reçus la robe et le bol
. Et je lui dis :"Je suis un habitant du Sud et je ne connaît pas ces routes de montagne.
Comment puis-je atteindre l'embouchure de la rivière ?"

Le Cinquième Patriarche me répondit :'Ne vous inquiétez pas. Je vous accompagnerai'.
Le cinquième patriarche m'a escorté jusqu'au poste de courrier de Chiu Chiang et me fit monter à bord d'un bateau.
Le patriarche prit les rames et rama.

Je lui dis :"S'il vous plaît, Grand Maître, asseyez-vous.

Il est naturel qu'étant votre disciple, je prenne les rames."
Le patriarche m'a répondu : 'Il est naturel que je vous fasse traverser'.

Je lui ai dit :
"Quand on est illusioné, on croit que c'est son maître qui nous fait traverser,
mais quand on est illuminé, on s'aperçoit qu'on traverse par nous même.
Bien que le terme 'traverser' est souvent utilisé, ses significations sont multiples."

"Je suis né dans les régions frontalières et ma prononciation est mauvaise,
pourtant j'ai reçu la transmission du Dharma de mon Maître.
Maintenant que l'éveil a été réalisé, il est donc naturel que je maintienne la traversée par moi-même." [ndt: la pratique]

Le Patriarche répondit :
"C'est cela, c'est cela. Désormais, grâce à vous, le Boudhdisme va fleurir et sera largement pratiqué.
Trois ans après ton départ, je quitterai ce monde.
Pars maintenant et va vite au sud.
Ne prêche pas le Dharma trop vite, car il est difficile d'enseigner le Bouddhisme.
Dès l'instant où on commence à prêcher le Bouddhisme, nait la difficulté."

Après avoir quitté le patriarche, j'ai commencé à marcher vers le sud.
Au bout ded eux mois de voyage, j'ai atteint les montagnes Dayu.

Le cinquième patriarche retourna au monastère, mais pendant plusieurs jours il n'entra pas dans la salle.
L'assemblée s'est inquiétée et est allée demander :
"Maître êtes-vous malade ou avez-vous un problème ?"

Le Patriarche répondit :
"Non, je ne suis pas malade" puis il ajouta, "La robe et le Dharma sont déjà partis pour le sud."

Les disciples ont demandé :
"Qui a donc reçu la transmission ?"

"C'est celui qui était apte, qui les a reçus"

Alors l'assemblée a compris, et plusieurs centaines de personnes se sont lancées à ma poursuite !
Elles espéraient toutes me voler la robe et le bol !
Un moine, nommé Hui Ming, un homme vulgaire dont le nom profane est Ch'en, avait été un officier militaire.
Il était à ma recherche et en avance sur les autres.
Lorsqu'il m'eut presque rattrapé, je déposais ma robe et mon bol sur un rocher en disant :
« Cette robe et ce bol sont uniquement des symboles. Comment espères-t-il arriver à les prendre par de force ?
Puis je me suis caché dans un buisson.

Quand Hui Ming arriva et les ramassa, il réalisa qu'il n'avait ramassé qu'une vulgaire robe et qu'un simple bol, et qu'il ne pouvait emporter avec lui leur symbole sacré.
Il a crié : « Cultivateur, Cultivateur, je suis venu pour le Dharma, pas pour cette robe !

Je suis donc sorti de ma cachette et je me suis assis les jambes croisées sur un rocher.
Hui Ming rendu hommage et dit : « J'espère que le Cultivateur m'enseignera le Dharma.
Je lui répondis : « Puisque vous êtes venu pour le Dharma, vous pouvez tout abandonner. Ne suscitez pas une seule pensée et je vous l'enseignerai clairement. Au bout d'un moment, J'ajoutais : 'Sans pensées, ni notion de bien, ni notion de mal, à ce moment précis, qu'elle est l'origine du visage de Hui Ming ?'
A ces mots, Hui Ming fut grandement illuminé.
Hui Ming m'a alors demandé :
"En dehors de ce discours secret et de ces significations secrètes, y a-t-il encore un autre savoir secret ?'
Je répondis : 'Ce que je vous ai été dit n'est pas secret.
Par contre l'illumination que vous venez de réaliser de l'intérieur, est le secret que vous emportez avec vous."

Hui Ming me dis : "Bien que j'étais moine à Huang Mei, je ne m'étais pas encore éveillé au visage sans origine. Maintenant que j'ai touché cette realisation, je suis comme celui qui boit de l'eau et sait par lui-même si elle est froide ou chaude. Cultivateur, tu es mon maître à présent."

Je déclarais : 'Si vous ressentez cela, alors vous et moi avons le même maître à présent, Protégez-vous bien.'

Hui Ming me demanda : « Où dois-je aller maintenant ?
Je lui dis : « Arrêtez-vous à Yuan et demeurez à Meng.

Hui Ming s'inclina et partit.
Redescendus au pied de la montagne, il dit aux autres poursuivants qui venait d'arriver.
"En haut, il n'y a qu'une barre rocheuse sans accès. Nous devons trouver un autre chemin."
Les poursuivants acquiescèrent.
Par la suite, Hui Ming se renomma en Tao Ming, pour éviter d'utiliser le même prénom de Hui Neng.

J'arrivais à Ts'ao Hsi où je fus de nouveau poursuivi par des hommes mal intentionnés.
Je me rendis donc à Szu Hui, pour me cacher et je vécus parmi les chasseurs pendant quinze ans, leur enseignant parfois le Dharma de manière adaptée.

Les chasseurs me demandais souvent de surveiller leurs filets, mais chaque fois que j'y voyais des êtres encore vivants, je les relâchait.
Au moment des repas, je faisais cuire mes légumes dans la marmite à côté de la viande.
Lorsqu'on m'interrogeais à ce sujet, je répondais
'Je ne mange que des légumes, à côté de la viande'.
Un jour, je pensais : « Le temps est venu de répandre le Dharma. Je ne peux pas rester caché ici pour toujours.
En conséquence, je me rendis au monastère Fa Hsing à Kuang Chou où le maître du Dharma Yin Tsung donnait des conférences sur Sutra du Nirvana.

A mon arrivée, il y avait là deux moines qui discutaient du sujet du vent et d'un drapeau.
L'un d'eux a dit: 'Le vent bouge.'
L'autre a dit : « Le drapeau bouge. Ils se disputaient sans cesse.
Je m'approchais et dis: 'Le vent ne bouge pas, le drapeau ne bouge pas. Messieurs, Ces sont vos esprits qui bougent.'
Tout le monde a été attrapé.

Le Maître du Dharma Yin Tsung m'invita à occuper un siège d'honneur et m'a posé des questions sur le sens caché.
Voyant que mes réponses sur les vrais principes était concises et précises, sans être basées sur des écrits, Yin Tsung déclara: "Le cultivateur n'est certainement pas un homme ordinaire. Il y a longtemps, j'ai entendu que la robe et le bol de Huang Mei étaient venus au sud. Cultivateur , n'est-ce pas toi ?'
Je dis : 'Je n'ose pas présumer une telle chose."

Yin Tsung a ensuite rendu hommage et a demandé que la robe et le bol transmis soient apportés et montrés à l'assemblée.

Il a ensuite demandé : « Comment la doctrine de Huang Mei a-t-elle été transmise ?

"Il n'y a pas eu de transmission', répondis-je.
'Nous avons simplement discuté sur la vision de la nature. Il n'y a pas eu de discussion sur le Dhyana samadhi, ni sur la libération."
Yin Tsung me demanda: "Pourquoi n'y a-t-il pas eu de discussion sur le Dhyana samadhi ou sur la libération?"
Je repondis : 'Ce sont des enseignements dualistes. Ils ne sont pas le Buddhadharma. Le Buddhadharma est un enseignement non-dualiste.'

Yin Tsung demanda encore : « Qu'est-ce que ce bouddhadharma qui est un enseignement non-dualiste ?

Je dis : "Le Maître du Dharma a enseigné dans le Sutra du Nirvana que réaliser la nature de Bouddha est l'enseignement non-dualiste du Buddhadharma. C'est exactement ce que le Bodhisattva Kao Kuei Te Wang dis au Bouddha : 'Quand de ceux qui bravent les quatre interdictions, qui commettent les cinq actes de rébellion, ou encore qui sont des icchantika[être trompé qui ne peuvent jamais atteindre l'illumination] et ainsi de suite, ont-ils coupé les bonnes racines et perdu la nature de bouddha ?'

Le Bouddha lui répondis : 'Il y a deux sortes de bonnes racines : la première, permanente, la seconde impermanente. La nature de Bouddha n'est ni permanente, ni impermanente.
Par conséquent, elle ne peut pas être coupée.'

"C'est ce que l'on entend par non-dualisme.
Le premier est bon et le second n'est pas bon.
La nature de bouddha n'est ni bonne, ni mauvaise.
C'est ce que l'on entend par non-dualisme.
Les gens ordinaires voit les choses comme étant séparés.
Le sage comprend qu'ils sont de nature non-dualiste.
La nature non-dualiste est la nature de bouddha."

En entendant cette explication, Yin Tsung fut ravi. Il joignit ses paumes et dit :
« Mon commnetaire des Sutras est comme une tuile cassée, tandis que votre commentaire sur leur signification est comme de l'or pur.
Il m'a ensuite rasé la tête et m'a demandé à Hui Neng d'être son maître.
Ainsi, sous cet arbre de la Bodhi, j'enseignais au monastère de "La porte du Dharma de le montage Tung Shan".

J'ai maintenu le Dharma à Tung Shan et j'ai subi beaucoup de souffrances, ma vie ne tenant qu'à un fil.

"Aujourd'hui, dans ce rassemblement de magistrats et de fonctionnaires, de Bhikshus, de Bhikshunis, de Taoïstes et de laïcs, vous être tous ici grâce à de nombreuses années accumulés de conditions karmiques. Parce que dans des vies passées, vous avez fait des offrandes aux Bouddhas et cultivés tous ensemble de bonnes racines, vous avez maintenant l'opportunité d'entendre l'Enseignement Direct, c'est [une opportunité] une cause permettant de réaliser le Dharma.
"Cet enseignement a été transmis par d'anciens sages; ce n'est pas issu de ma propre sagesse. Vous qui souhaitez entendre l'enseignement des anciens sages devez d'abord purifier votre esprit.
Après l'avoir entendu, écartez tous vos doutes, et ainsi ne soyez pas différents des sages du passé." En entendant ce Dharma, toute l'assemblée fut ravie, se prosterna et se retira.

Chapitre 2 : Sagesse [Prajna]

Le jour suivant, à l'invitation du magistrat Wei, le Maître s'assit et dit à la grande assemblée :
« Apaiser vos esprits et réaliser la grande Sagesse qui mène à l'autre rive [Maha Prajna Paramita]

Ensuite, Il a dit:
"Amis de la voie, la nature de Bouddha et la sagesse [Prajna] est l'état originel de tous les êtres du monde.
C'est seulement parce que leurs esprits sont confus qu'ils sont incapables de s'éclairer et qu'ils
doivent compter sur un ami connaissant la voie pour leur enseigner afin qu'ils réalisent
leur nature de bouddha.
Vous devriez savoir que la nature de bouddha entre des personnes stupides
et des personnages sages n'est pas fondamentalement différente.
C'est seulement parce que la confusion et l'illumination sont différentes que certains
sont stupides et d'autres sages.
Je vais maintenant vous expliquer la Sagesse qui mène à l'autre rive [Maha Prajna Paramita Dharma]
afin que chacun de vous devienne sage.
Soyez attentif, je vous l'explique.

"Amis de la voie, Bien que les gens du monde parle de 'Sagesse' [Prajna] avec leur bouche toute la journée,
ils ne réalisent pas la Sagesse [Prajna] de leur propre nature originelle.
Tout comme parler de nourriture ne vous rassasiera pas, de même se contenter de parler au sujet de la vacuité,
ne vous fera pas réaliser votre propre nature. Même si vous en parliez pendant dix mille âges,
vous n'en n'auriez aucun bénéfice.

"Amis de la voie, Maha Prajna Paramita est un mot sanskrit qui signifie 'la grande sagesse qui mène à l'autre rive.'
Elle doit être pratiqué dans l'esprit, et pas seulement récité avec des mots.
Quand la bouche récite et que l'esprit ne pratique pas, c'est comme une
illusion, une transformation, des gouttes de rosée ou un éclair.
Cependant, quand la bouche récite et que l'esprit pratique, alors
l'esprit et la bouche sont harmonisés.
La nature originelle de chacun est Bouddha ; en dehors de cette nature même, il n'y a pas d'autre
Bouddha.

« Qu'entend-on par Maha ? Maha signifie « grand ».
La qualité de l'esprit est vaste et grande comme l'espace libre, elle n'a pas de limites.
Elle n'est ni carrée ni ronde, ni grande ni petite.
Elle n'est ni bleue, ni jaune, ni rouge, ni blanche.
Elle n'est ni au-dessus ni en dessous, ni courte, ni longue.
Elle est sans colère, sans joie, sans vrai, sans faux, sans bien, sans mal, et il n'a ni
tête, ni queue.

"Toutes les terres de bouddha sont finalement comme un espace vide.
La nature originelle et merveilleuse de tous les êtres du monde est vide,
et il n'y a pas un seul dharma qui puisse être saisi [isolément].
La réalité ultime concernant la nature du soi, est aussi comme ça.

"Amis de la voie, n'écoutez pas mon explication sur la vacuité pour ensuite vous attacher à la vacuité.
La chose la plus importante est d'éviter de vous attacher à la vacuité.
Si vous restez assis avec un esprit vide, vous vous attacherez à la vacuité.'

'Amis de la voie, le vide de l'univers est capable de contenir les formes, il contient les formes des dix mille choses :
le soleil, la lune et les étoiles ; les montagnes, les rivières et la grande terre ;
les fontaines, les sources, les ruisseaux, les torrents, les herbes, les arbres, les fourrés et les forêts ;
les bons et les méchants, les bons et les mauvais dharmas, les paradis et les enfers,
toutes les grandes mers et toutes les montagnes -
tout est contenu dans la vacuité.
La vacuité de la nature réelle des hommes peuplant le monde, est aussi comme ça.

"Amis de la voie, la qualité de notre propre nature à contenir les dix mille dharmas est ce que l'on entend par 'Grand'.
Les myriades de dharmas sont aussi contenues dans la nature de tous les êtres.
Si vous englobez tout ce qui est, le mauvais comme le bon, sans saisir ni rejeter, sans vous attacher,
votre esprit sera comme un espace vide.
C'est pourquoi on dit qu'il est 'Grand', 'Maha'.

"Amis de la voie, la bouche d'une personne confuse parle, pendant que l'esprit d'une personne sage pratique.
Il y a des hommes qui s'abusent en restant trop assis, l'esprit vide, ne pensant à rien
et déclarant que cet état est quelque chose de 'Grand'.
On ne devrait pas parler de ces personnes, car elles font fausse route...

"Amis de la voie, la qualité de l'esprit est vaste et grande, Englobant le royaume du Dharma.
Sa fonction est de voir clairement et distinctement.
Sa fonction correcte est de tout savoir.
Tout est un ; un est tout.
Aller et venir librement, la nature d'un esprit qui n'est pas voilée.
C'est Prajna.

"Amis de la voie, toute la sagesse de Prajna est produite par elle-même;
Rien ne provient de l'extérieur.
Utilisez l'intellect correctement est appelé 'Utilisation naturelle de notre propre nature'.
Une vérité, c'est toutes les vérités.
L'esprit a la capacité de grandes choses, il n'est pas destiné à réaliser de choses sans importance.
Ne parlez pas de vide avec votre bouche toute la journée alors que vous échouez à réaliser cela dans votre esprit.
Cela serait comme une personne ordinaire se faisant appeler le roi d'un pays, alors qu'il ne l'est pas.
De telles personnes ne sont pas mes disciples."

"Amis de la voie, qu'entend-on la 'Sagesse' [Prajna] ?
C'est un mot sanskrit qui signifie dans notre langue : Un état de concentration attentif et vigilant présent partout et à tout moment, pensée après pensée, sans se laisser emporter par des pensées illusoires et qui maintient constamment la sagesse;
c'est cela pratiquer Prajna.
Prajna est coupée dès qu'une seule pensée illusoire emporte notre vigilance.
Dès que la vigilance s'élève, Prajna s'élève et se maintient.
Les hommes ordinaires, sont trompés et confus, ils ne voient pas Prajna.
Ils en parlent avec leur bouche, mais leurs esprits sont toujours trompés.
Ils se disent constamment : « Je cultive Prajna ! et bien qu'ils parlent continuellement de vacuité, ils
ne réalisent pas la vraie vacuité.
Prajna, sans forme, ni trace, n'est que l'esprit de sagesse.
Si c'est expliqué ainsi, alors c'est exactement la sagesse de Prajna."

Qu'entend-on par Paramita ?
C'est un mot sanskrit qui signifie dans notre langue : « mène à l'autre rive »,
on l'explique par « au-delà de la production et de l'extinction", ou encore "au-delà de la naissance et de la mort ».
Quand on est attaché à des concepts d'êtres [individuels], les naissances et les décès surgissent comme
des vagues sur l'eau, c'est ce que l'on entend par « notre rive actuelle ».
Être détaché des concepts d'êtres [individuels], sans production ni extinction, c'est
être comme de l'eau qui coule librement, c'est ce que l'on entend par « l'autre rive ».
C'est pourquoi on l'appelle 'Paramita'

« Conseillers avisés, les gens trompés récitent avec leur bouche, mais pendant qu'ils récitent,
ils vivent dans le mensonge et dans l'erreur.
Quand il y a de la pratique dans chaque pensée, c'est la vraie nature.
Vous devriez comprendre cet enseignement, qui est l'enseignement de la vraie Sagesse [Prajna dharma];
et cultivez cette vigilance, qui est la conduite de Prajna.
Ne pas pratiquer, c'est être une personne ordinaire, mais cultivez une seule bonne pensée, et vous êtes immédiatement égal aux bouddhas.

// La suite prochainement...

--

Attention traduction et interpretation très libre.
Source 1 d'inspiration, complète Anglais : www.bdk.or.jp
Source 2 d'inspiration, complète Anglais : www.buddhistdoor.com
Une traduction complète Anglais : dBET_T2008_PlatformSutra_2000.pdf